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Stalingrad : la bataille au bord du gouffre

Après un Koursk détonnant publié il y a quelques mois à peine, Jean Lopez frappe à nouveau très fort avec une étude magistrale sur la bataille de Stalingrad, la plus fameuse bataille de la Seconde Guerre.

Longtemps mal connue car sanctifiée par l’historiographie soviétique qui en faisait le sommet de l’héroïsme russe, Stalingrad révèle ici son vrai visage, celle d’un combat de la dernière chance pour l’Armée rouge aux abois, et d’une défaite qui n’avait rien d’inéluctable pour la Wehrmacht. L’auteur aborde tout d’abord la chaîne d’événements et d’opérations qui conduit aux rives de la Volga. Après une offensive d’été où les forces allemandes remportent à nouveau des succès spectaculaires, la machine de guerre soviétique, comme l’avait prédit Hitler, est au bord de l’effondrement. Mais les objectifs stratégiques allemands (traverser le Caucase et prendre le pétrole du Bakou) sont irréalistes. Pourtant, la prise de Stalingrad, qui permettrait de bloquer le trafic sur la Volga et verrouiller le front nord, reste un objectif secondaire de la campagne. L’engagement de la 6e armée de Paulus dans la ville sera plus le fait des circonstances que d’un choix mûri.

Le chapitre consacré au contexte général de la bataille elle-même est passionnant car il détaille tous les éléments de l’environnement stratégique : contraintes logistiques russe et allemandes, état des deux camps, intention des états-majors, etc. On plonge ensuite comme il se doit dans l’enfer de la bataille, avec cet affrontement urbain apocalyptique qui a tant marqué les esprits. De nombreux aspects de la lutte sont abordés, comme les tactiques, le moral et la motivation des troupes. Enfin, l’opération Uranus et la réaction allemande sont étudiées, avant un chapitre de conclusion qui analyse brillamment les conséquences de la bataille.

Stalingrad est un livre passionnant car il démontre que cette bataille a bien été le tournant du conflit, non pas en ce qu’elle a représenté le début de la fin pour l’Allemagne, mais surtout parce qu’elle a sauvé l’Union soviétique, qui ne se serait très certainement pas remis de cette nouvelle défaite. On a la confirmation ici que l’issue s’est jouée à rien et que la Wehrmacht aurait pu tout aussi bien l’emporter. En ce sens, Stalingrad est bien une bataille au bord du gouffre !

Stalingrad : la bataille au bord du gouffre. Economica, 480 p, 29 €. Ndlr : à découvrir également du même auteur Barbarossa, 1941. La guerre absolue.

Ludothèque : SGS Battle for Stalingrad.